La sodomie est un
rapport sexuel qui consiste en une pénétration de l'anus du ou de la partenaire, généralement avec le pénis ou à l'aide d'un objet représentant un phallus. Le godemichet, éventuellement monté sur
un harnais (appellé aussi « gode-ceinture »), permet à une femme de sodomiser un ou une partenaire.
Étymologie
Représentation des amours de Hadrien et Antinoüs, par Paul AvrilLe terme de sodomie vient du nom de la ville de Sodome qui, selon la Bible, fut détruite par Dieu pour ses mœurs jugées perverses
(cf. l’épisode de Sodome et Gomorrhe). Dans cet épisode, il ne serait pas explicitement fait mention de la sodomie telle qu’on la définit actuellement : les habitants de Sodome sont en effet
caractérisés par un grand appétit sexuel. Dans certains contextes, notamment les classifications légales de certains États fédérés des États-Unis d'Amérique, le terme anglais sodomy inclut
d’autres pratiques sexuelles jugées déviantes par certains, notamment le cunnilingus et la fellation (contact entre la bouche et le sexe). En allemand (Sodomie) et en norvégien (sodomi), le terme
ne fait aucunement référence à la pénétration anale mais désigne la zoophilie.
D’une manière similaire, le terme « bougre » (du latin Bulgarus, qui donne l’ancien français bogre) désignait à l’origine les bogomiles (« amis de Dieu » du bulgare Bog « dieu » et mile « ami »), membres d’une secte bulgare hétérodoxe proche des mouvements cathares. On avait accusé ces bogomiles du péché de sodomie afin — entre autres — de les tourner en dérision. « Bougre » en est donc venu à ne plus désigner les seuls Bulgares bogomiles, mais aussi de manière injurieuse les sodomites. Par affadissement, le terme a désigné un « gaillard » et enfin un « individu ». Le cognat anglais bugger a gardé le sens original de sodomite.
Aspects historiques
Amours romaines entre un homme et un adolescent, coupe WarrenLa sodomie entre hommes, si elle ne fut pas la position sexuelle privilégiée, fut pratiquée dans la Grèce antique, ainsi qu'à Rome,
dans le cadre d'une relation entre un homme plus âgé, le maître, actif, et son élève, passif, plus jeune.
Il y a peu d’élément direct parlant de la sodomie chez les Celtes et en particulier chez les Gaulois. Cependant il y a quelques citations d’auteurs classiques déclarant que l'activité homosexuelle était acceptée et quelques productions culturelles en la matière. Par exemple Athenaeus, le rhétoricien grec et le grammairien, répétant des affirmations faites par Diodorus, a écrit que : « Les Celtes, bien qu'ils aient les femmes très belles, apprécient de jeunes garçons davantage : de sorte que certains d'entre eux aient souvent deux amoureux à dormir avec eux sur leurs lits à peau de bête. » Selon Aristote encore, les Celtes sont ouverts et approuvent les jeux amoureux masculins in « la politique II 1269b) ». Cependant, selon la loi dite du brehon, si l’homme est marié la femme peut alors disposer librement d’elle-même.
Sous l'Inquisition espagnole des XVIe et XVIIe siècles,
la sodomie, à l'instar de la bestialité, était considérée comme un péché abominable. La sodomie était qualifiée de parfaite si elle était le fait de deux hommes et imparfaite (donc moins grave)
si elle était le fait d'un homme et d'une femme. Le terme incluait secondairement d'autres pratiques sexuelles, telle que fellation, cunnilingus, masturbation, onanisme, etc. La torture était
fréquemment pratiquée : y résister était une preuve de bonne foi.
La sodomie pouvait valoir à ses auteurs le bûcher, les galères, la prison à vie ou pour plusieurs années, le bannissement, des pénitences diverses ou simplement d'être fouetté en public, selon la gravité de l'acte soigneusement pesée par les inquisiteurs. Cependant, dans ce domaine, la justice civile était encore plus sévère et plus expéditive.
En France comme dans de nombreux pays, la sodomie fut longtemps interdite. En 1726, un lieutenant de police est brûlé vif en raison de « crimes de sodomie », le jour même de son accusation. D'après Michel Foucault « ce fut, en France, une des dernières condamnations radicales pour fait de sodomie » (Histoire de la folie à l'âge classique). La sodomie disparaît du code pénal révolutionnaire en 1791.
Au Canada, la loi anti-sodomie est révoquée en 1969 par Pierre Elliott Trudeau.
Pratique
Les Sonnetts Luxurieux, de Pietro Aretino, illustration de Paul Avril.Contrairement à la vulve et au vagin, l’anus et le rectum ne sécrètent pas de lubrification naturelle facilitant le rapport
sexuel. Cependant, l'anus est une partie du corps, pour les hommes comme pour les femmes, particulièrement innervé, dont la sensibilité est similaire à celle des parties génitales[réf.
nécessaire], source d'un possible plaisir pour le receveur. La sensation de va-et-vient chez la femme et la prostate chez l'homme peuvent conduire à l'orgasme pour le partenaire passif . La
salive est insuffisante comme lubrifiant et le risque de lésions des fragiles muqueuses anales est majeur aussi est-il préférable d'utiliser un lubrifiant artificiel ou un préservatif lubrifié.
Toutefois, même ce dernier requiert l'ajout d'un lubrifiant si les mouvements se prolongent. Autrefois, la vaseline était généralement utilisée, mais à base de gras, elle fragilise les
préservatifs tout en étant plus difficilement lavable. De nos jours, sont donc plutôt utilisés des lubrifiants intimes à base d’eau ou de silicone.
Le rectum pouvant contenir des restes de matière fécale, certains pratiquent un lavement préalablement à une sodomie. Néanmoins, trop souvent répétée, cette pratique peut fragiliser le rectum. En outre, le rectum est normalement vide si l'individu a déféqué complètement quelques heures avant le rapport.
Risques médicaux de la sodomie
Une pénétration trop brutale peut provoquer micro-coupures ou saignements. La sodomie peut provoquer des fissures anales, voire (pour les pratiques extrêmes dérivées de la
sodomie) un prolapsus anal ou une incontinence anale.
Le sphincter anal est un muscle circulaire qui contrôle l'ouverture du canal au moment de la miction. La sodomie avec un objet d'un certain diamètre sera vécu comme douloureuse à cause de la distension de ce muscle et à cause des fissures qui peuvent être induites par la sodomie. Toutefois, la pratique d'exercices d'assouplissement permet de modifier le seuil de la douleur. Il existe une pratique qui consiste à obtenir une très grande souplesse de ce sphincter par des exercices répétés d'insertion d'objet de diamètre de plus en plus grand. Le risque posé par cette pratique est l'incontinence[réf. nécessaire].
D'autre part, la muqueuse rectale est fragile et poreuse
aux virus et bactéries. Elle a la propriété (dont tirent parti les suppositoires) d’absorber les substances déposées dans le rectum. En conséquence, elle est un terrain propice aux échanges de
maladies sexuellement transmissibles, notamment du SIDA. C’est la raison pour laquelle il est fortement déconseillé d’avoir un rapport anal sans préservatif avec une personne dont on ne sait pas
si elle est infectée par de telles maladies.
Le
cunnilingus
Histoire et signification culturelle
Selon Philip Rawson, ces métaphores mi-poétiques
mi-médicinales expliquent la popularité du cunnilingus chez les Chinois : « La pratique était une excellente méthode pour boire le fluide féminin précieux. »
En Occident, sous l'Empire romain, le cunnilingus était
déprécié car il était considéré comme une soumission de l'homme envers la femme. Preuve de cette condamnation morale, Suétone impute cette pratique à l'empereur Tibère dans l'inventaire des
turpitudes sexuelles qu'il lui attribue.
La
fellation
Fellation et MST
Le préservatif permet d'éviter le contact entre la personne qui
effectue la fellation et les fluides sexuels de l'homme. Afin de cacher le goût du latex, de nombreux fabricants proposent des préservatifs parfumés. Cependant, le conseil d'utilisation du
préservatif est ici moins suivi que pour les rapports sexuels génitaux, en raison tant de l'absence de campagnes de prévention axées sur ce point - même si cela commence à changer - que d'une
plus grande modification des sensations physiques par la présence du préservatif dans le cas de la fellation, par rapport aux rapports génitaux ou anaux.
Le fist-fucking ou fisting,
est une pratique sexuelle consistant à pénétrer le vagin ou le rectum de sa (ou de son) partenaire avec la main (ou plutôt le poing, fist en anglais). La sexologie utilise les termes d'érotisme
brachiovaginal ou brachioproctique.
En raison de ses risques potentiels, du manque de connaissances, lui-même créateur de
risques et de craintes, de la douleur et de tabous sexuels, la pratique du fist-fucking reste bien plus confidentielle que celle d'autres activités sexuelles.
De même, le fisting vaginal est pratiqué par des femmes de
toute orientation sexuelle. Les rares cas de masturbation par ce biais sont l'apanage de femmes d'une souplesse particulière.
Hygiène et sécurité
Le contact entre les fèces et des muqueuses irritées peuvent
entraîner une inflammation ou une infection, de même que les lavements. Les ongles de l'individu qui pénètre doivent être coupés courts et limés et ses mains protégées par des gants à usage
médical (en latex par exemple, ce qui diminue le risque d'allergie). La main comme l'orifice choisi doivent être excessivement lubrifiés (avec un lubrifiant à base d'eau de préférence, mais pas
un lubrifiant issu du pétrole comme la vaseline, qui attaque le latex).
Le poppers (amyl-nitrite), agissant comme vasodilatateur, est parfois employé pour le fist-fucking anal.
L'utilisation de drogues, en particulier sédatives ou anesthésiques locaux font courir un risque plus important de complications par altération de la douleur, de la réactivité, et
désinhibition.




