Thérèse Philosophe

Thérèse Philosophe

ou

Mémoires pour servir à l’histoire

du père Dirrag et de mademoiselle Éradice

 Thérèse philosophe s’inspire d’un fait divers qui eut lieu en 1731, passionna la France et prit valeur de symbole au sein des querelles religieuses et anticléricales.   Jean-Baptiste Girard (1680-1733), jésuite dévoué, d’abord professeur et prédicateur apprécié, fut nommé recteur du séminaire royal de la marine à Toulon. De nombreuses pénitentes le choisirent pour directeur, dont l’une, Catherine Cadière, particulièrement mystique et falsificatrice, le mena à sa perte auprès d’un janséniste ennemi en l’accusant de séduction, d’inceste spirituel, de magie et de sorcellerie.
À peine âgée de dix-huit ans, Catherine Cadière était une jeune et jolie pénitente de bonne famille mais nourrie de lectures illuminées. Elle passait dans son quartier pour une sainte, férue de miracles et autres désirs d’apparitions. Un jeûne prolongé durant le carême l’affaiblit et favorisa son zèle visionnaire alors qu’elle demeurait alitée. Son confesseur, le père Girard, la trouva ensanglantée d’une plaie au flanc gauche qu’elle disait provenir d’un ange apparu au cours de son sommeil. Le religieux l’examina ; dévot mais non dupe et, semble-t-il, intègre, il l’avait assistée jusque-là dans ses extases et excès mais préféra dès lors rompre avec sa protégée. Celle-ci lui en tint rigueur au point de le dénoncer pour abus, ce qui valut à l’intéressé un procès retentissant.
Le procès fut animé de fervents débats qui aboutirent à la relaxe du père Girard en octobre 1731 à une seule voix de majorité, douze juges sur vingt-cinq l’ayant condamné à être immolé. Cette affaire célèbre (connue par un Recueil général des pièces concernant le procès entre la demoiselle Cadière, de la ville de Toulon, et le père Girard, jésuite, recteur du Séminaire royal de la marine de ladite ville, La Haye, 1731) donna lieu à de nombreux commentaires, alimenta les polémiques pour les années à venir et inspira notamment ce fameux texte libertin paru en 1748 : Thérèse Philosophe. Texte anonyme, il fut attribué sous réserves au Marquis d’Argens, Dirrag et Éradice étant les anagrammes de Girard et Cadière. (Cf. Romans libertins du XVIIIe siècle, Paris, Robert Laffont, 1993, “Introduction, par Raymond Trousson”, pp. 559 à 573. – Cf. Thérèse Philosophe, Présentation de François Moureau. “Lire le Dix-huitième Siècle”, 2001 : http://www.ish-lyon.cnrs.fr/sfeds/)  

La paternité de ce texte ne fait pas l’unanimité. En effet, peu d’éléments permettent d’attribuer Thérèse au marquis d’Argens et l’on peut s’étonner d’un tel revirement de vue de la part du marquis à propos d’une affaire qu’il a, par ailleurs, vertement condamnée dans ses Lettres Juives  

« Lorsque je pense à ces béates allant baiser les parties les plus cachées des Fakirs, je crois voir le Jésuite Girard, l’esprit attaché au ciel, coller ses lèvres sur la plaie du téton de la Cadière : et peu après cette expédition, être lui-même baisé par la fameuse Baterelle, une autre de ces pénitentes. » (T6, CLXX)  

Cependant, aucune autre attribution n’est à ce jour démontrée.

Henri-Joseph Dulaurens n’a pas échappé à la satire de l’affaire dont il met en scène les personnages dans Le Balai. Son interprétation diffère toutefois de celle du Marquis d’Argens dans ses fustigations. En revanche, Dulaurens rejoint le point de vue de Voltaire : « J’estime fort cette douce aventure. / Tout est humain, Girard, en votre fait ; / Ce n'est pas là pécher contre nature : / Que de dévots en ont encor plus fait ! »

(Voltaire, La Pucelle d’Orléans, chant XIII)

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